C'est
à Nice que ce Bordelais est entré dans la vie militante au service de
la cause homosexuelle. Il intègre le Front Homosexuel d'Action
Révolutionnaire au début des années 70 sur la Côte d'Azur puis il monte
à Paris où il continue à militer dans ce mouvement.
En 1978, il se présente comme candidat aux élections législatives dans
le VIe arrondissement de Paris. Il est alors membre du GLH-PQ (Groupe
de Libération Homosexuelle - Politique et Quotidien). L'année suivante,
en 1979, il lance le journal Gai Pied. Ce journal, d'abord
mensuel puis hebdomadaire, va être le premier grand titre de la presse
homosexuelle en France. Ses premiers numéros sont extrêmement militants
et proches des partis de gauche qui vont le soutenir pour l'abrogation
des lois discriminatoires contre les homosexuels. Sa première victoire
va être l'abrogation de l'article 331 du Code Pénal. Jean Le Bitoux
s'entoure d'écrivains et d'intellectuels qui vont être la caution
morale du journal Gai Pied qui échappe ainsi à la censure qui
condamnait, à cette époque, toutes les publications homosexuelles. Très
vite, Gai Pied connait un succès sans précédent et accompagne
l'explosion du milieu gay en France : Les associations se multiplient,
de nombreux lieux de sociabilité ouvrent à Paris et en région, les
premières Gay Prides attirent jusqu'à 10 000 personnes dans les rues de
Paris (1981). Mais en 1983, Gai Pied va connaitre un conflit interne.
Jean Le Bitoux, partisan d'une ligne éditoriale militante, s'oppose à
ce qu'il considère comme une dérive commerciale de Gai Pied. Il
démissionne avec une quarantaine de personnes dont une grande partie de
la rédaction et la totalité des correspondants de région qui avaient
apporté à ce journal un fort encrage en province. Il signera un numéro
dissident de Gai Pied, "Gai Pied au cul" mais l'original va continuer
sa vie sans lui jusqu'en 1992.
Jean Le Bitoux tentera de lancer ou de s'associer à d'autres titres
comme Profils, Mec Magazine, ou la Revue H mais Gai Pied restera à
jamais sa seule expérience de presse réussie.
Au milieu des années 80, il s'engage activement comme militant de base
dans la lutte contre le Sida aux cotés de l'association Aides. Il se
charge de l'information dans les bars du Marais. Nombreux de ses
ex-collaborateurs de Gai Pied et de ses amis ont déjà été décimés par
la maladie. Il devient rédacteur en chef du "Journal du Sida".
Dans les année 90, il s'attelle à un nouveau combat, celui de la
déportation des homosexuels durant la dernière guerre et celui de la
mémoire LGBT.
En 1994, il rencontre Pierre Seel, le seul homosexuel français
déporté en raison de son homosexualité qui osera témoigner. Il co-écrit
avec lui "Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel", un livre témoignage
poignant sur le calvaire de cet Alsacien rescapé des camps. Puis Jean
Le Bitoux fonde l'association "Le Mémorial de la Déportation
Homosexuelle" dont l'objectif est l'édification d'un mémorial aux
déportés pour homosexualité.
En 2000, il est conseiller historique pour le film "Un amour à taire"
qui traite de la déportation homosexuelle.
En 2002, il publie un essai sur la déportation des homosexuels "Les
Oubliés de la Mémoire".
Jean Le Bitoux est également chargé, cette même année, de constituer le
Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP).
Le projet dont le premier lancement était prévu pour 2003, va s'enliser
et Jean Le Bitoux va en être écarté en 2004.
Jean Le Bitoux décède dans la nuit du 20 au 21 avril 2010, "des suites
d'une longue maladie". Il était séropositif depuis quelques années.